Bouffie et boutonneuse

Et ce qui devait arriver arriva. Nele s'est réveillée ce matin avec la tête d'Elephant Man. Enorme, les paupières bouffies, les joues devenues bajoues, le menton en forme de panse. Et comme si ça ne suffisait pas, le corps recouvert de petits boutons aussi nombreux qu'inesthétiques. Aujourd'hui, je peux l'appeler Nelephant Woman mais ça ne la fera pas rire.

Que s'est-il passé? La journée à vélo sous le soleil de plomb a-t-elle réactivé son allergie? Est-ce l'huile du massage aromatique? Le verre d'eau servi après le massage et dont on n'a pas pu vérifier la provenance? Le barracuda grillé pas frais? Peu importe... le traitement est le même: Zirtec tous les soirs et comme elle a pris le premier le matin, ce sera tous les matins.

Moi, je regrette un peu que dans des cas comme ça, ce ne sont jamais les seins qui gonflent...

On décide alors de rendre les vélos plus tôt et de passer la journée à l'hôtel. Sur le chemin, on s'arrête pour observer les salières. On n'est pas encore descendus de vélo que déjà une dame jaillit derrière nous, venue d'on ne sait où. Elle nous propose d'acheter du sel, on en a déjà, on lui fait comprendre, elle abandonne vite mais déjà, au loin, deux gamins sont sortis d'un fossé d'observation et accourent vers nous avec paniers, sel, bijoux. Ils sont pas à l'école ceux-là? Mais ils n'ont que ça à faire alors? On recommence à expliquer qu'on a déjà, qu'on ne peut pas acheter à tout le monde et même que nos bagages sont remplis et que si on continue, l'avion sera tellement lourd qu'il tombera dans le volcan mais ils continuent à supplier. Quand on reviendra à Mouscron, observez-nous bien car en débarquant à Bali, on est devenus, aux yeux des balinais, de gros portefeuilles sur pattes et là, on se sent surtout comme des portefeuilles sur pattes très très très maigres.

Les paludiers d'Amed extraient le sel de la mer selon une méthode ancestrale. L'eau de mer est transvasée dans de grands récipients en bambou qui la filtrent. Elle est ensuite coulée dans des demis troncs de palmier évidés où elle s'évapore. Le sel produit en petite quantité est fort prisé dans les restaurants, ses cristaux gris sont d'ailleurs délicieux. Localement, il est utilisé à la conservation du poisson.

Puisqu'on évoque le poisson, il est important ici de le manger frais car la chaîne du froid est complètement inconnue. Le poisson pêché est apporté sur la plage dans les bateaux typiques. Il y passe de main en main pour finalement atterrir dans des bassins d'une quarantaine de kilos portés sur la tête par de jeunes filles jusqu'à la route toujours au dessus de la plage. Là, les anciens le trient, gros, petits, très petits (jetés sur le côté et pas remis à la mer, s'ont pas encore tout compris) et le veillent attendant le camion qui fait sa tournée. Le poisson déjà bien raide est transvasé de bassin en bassin sans jamais rencontrer la glace puis dans le camion sans bâche, il est laissé en plein soleil. Finalement, il arrive dans les restaurants où on le vide sans l'abîmer et on l'empale sur un bâton de la gueule à la queue afin de pouvoir le griller facilement.

On rend nos vélos, le cadenas et comme toujours, il se trouve quelqu'un pour nous proposer de nous raccompagner en voiture. "How much?" "100 000 rupiahs" Bon, on est là depuis trois semaines, on est rôdés et on connaît les prix. "We came here for 50 000, we do not pay 100 000" "70 000?" "No! We can walk. Bye".... "OK it's good for 50 000" et voilà comment passer de 10 à 5 euros. Les portefeuilles sur pattes sont maigres mais ont compris. On rentre.

A l'hôtel, Nele dans son lit, moi à la piscine avec les bébecs. Et c'est peu de le dire, j'ai nagé pendant une demie heure avec madame Bébecque qui en a profité pour faire sa toilette tandis que monsieur Bébec, jaloux mais peureux, nous observait de loin.

Ce soir, dîner au chandelles sur notre terrasse personnelle au bord de notre jardin personnel. Chouette! C'est le "Honeymoon package". 25 ans de mariage avec Nelephant woman. Ca se fête! On aura une bouteille de champagne balinais.