Bali
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L'eau et le feu

  

 

Encore une fois, changement de guide, ce n'est pas Nathalie qui nous attend à l'office de l'hôtel mais son mari balinais, Wayan. Wayan, artiste-peintre à Ubud, après avoir épousé Nathalie, a vécu dix ans en France où il a pratiqué différents métiers comme cuisinier, horticulteur, ... Il a appris le français et surtout, a beaucoup apprécié le climat au point de se plaindre de la chaleur à Bali. Avec Nathalie, il a construit une guest house sur le terrain familial, ses parents ont insisté auprès de Nathalie pour qu'il en soit ainsi et c'est la tradition à Bali où les jeunes mariés se construisent un pavillon près du pavillon des parents. Ils sont idéalement situés sur la crête de Campuhan à quelques deux kilomètres du centre ville.

On a vu dans le centre d'Ubud qu'une crémation royale se préparait et on demande à Wayan si c'est possible d'y assister. Wayan propose donc de commencer les visites et de revenir vers midi, heure du début des crémations.

  

  

Wayan nous amène sur le site du temple Gunung Kawi remarquable par la richesse de son iconographie. Chaque sculpture, que ce soit de statue, de poteau, de siège... est remarquablement peinte de couleurs vives. Singes, éléphants, dragons, serpents et autres sont plus beaux les uns que les autres.

  

  

 

On part donc pour les sources sacrées de Tirta Empul. Les sources découvertes en 962 jaillissent dans un grand bassin à l'intérieur du temple. On les découvre par les remous de vase qu'elles provoquent au fond d'une eau cristalline. Elles s'écoulent ensuite dans une piscine où les balinais se rendent en pèlerinage et se baignent pour se purifier. Cet endroit est l'un des lieux sacrés les plus importants de Bali.

La visite continue avec un très ancien monastère récupéré et transformé en temple. En chemin, Wayan nous propose de découvrir une magnifique vue sur des rizières. Des rizières, on en a vus des dizaines et on ne s'en lasse pas. Elles sont toutes différentes et toutes magnifiques. On ne s'en lasse pas. Le riz n'est jamais au même niveau de maturité, parfois la rizière est encore en préparation et le paysan la travaille avec la charrue tirée par les bœufs ou l'aplanit, parfois, c'est le moment de replanter les jeunes pousses, d'autrefois, les pousses jeunes se reflètent dans l'eau ou encore, arrivé à maturité, le riz est fauché et les femmes, courageuses, en font des gerbes qu'elles transportent par paniers entiers sur la tête pour les rassembler. Le blé sera ensuite séché, battu, tamisé et finalement empaqueté.

Au bout de la route, un escalier de pierre descend vers la rivière. La roche semble avoir été taillée pour ouvrir le chemin. Au fond de la vallée luxuriante, de part et d'autre d'un pont, se dresse l'un des plus anciens monuments de Bali. Gunung Kawi se compose de 10 sanctuaires gravés dans la roche et abrités dans des niches hautes de 8 mètres. Chaque sanctuaire honorerait un membre de la famille royale de Bali du XIe siècle. On y retrouve aussi des habitations troglodytiques creusées dans la roche et dans lesquelles, des lits de pierre ont été aménagés par de moines des temps passés.

  

Wayan nous rappelle à l'ordre. Si on veut voir la crémation, il est temps de rentrer. Il gare la voiture près du temple dédié à la crémation des membres de la famille royale et on se rend à pied au centre d'Ubud. La circulation est déviée par la police, les câbles électriques qui habituellement enjambent la rue sont détachés et pendouillent le long des poteaux. toute cette partie de la ville est sans électricité. Plus de frigo, d'air conditionné... Les balinais sont massés de par et d'autre et attendent assis dans la bonne humeur. On se croirait à Mons avant le passage du car d'or ou à Ath en attente des géants à part qu'ici, quelqu'un est mort et on va brûler son corps.

Arrivé au palais royal, c'est la grande foule, surtout de porteurs. Le taureau, futur cercueil du défunt, pointe fièrement ses cornes vers le ciel bleu, derrière lui, recouvert de dorures et des symboles religieux, le méru attend le corps. On attend aussi, encore une grosse heure en plein soleil pour enfin découvrir un autre pan des traditions religieuses locales. Quatre enfants de la famille se glissent entre les pattes du taureau noir sur lequel se hisse tant bien que mal un gros balinais. Autour du méru, ça s'agite aussi. Après que les musiciens se soient placés devant le cercueil, on hisse via la rampe d'accès le corps du mort. Des tissus sont tendus, des musiciens prennent place de chaque côté. La rampe est retirée et chargée dans un camion. La famille s'approche, des femmes portant sur la tête de riches offrandes fendent la foule. Tout est en place, le signal est donné, les deux groupes de musiciens entament des airs joyeux et le taureau est soulevé. Dans un effort commun, une cinquantaine d'hommes pose sur l'épaule son espace de bambou et se lance au pas de charge vers la route. Le premier virage à angle droit est entamé péniblement, ça passe, la route est droite maintenant jusqu'au deuxième virage avant l'arrivée. Derrière, encore plus impressionnant, le méru est levé, il penche dangereusement, mais sous les cris de guides, on le rétablit. Le virage est difficile, l'ensemble tangue dangereusement vers le centre touristique, on le pose afin de reprendre l'élan. Toute la largeur de la rue est prise par l'appareil. Ca y est, le virage est passé et les hommes se lancent à l'assaut de l'asphalte en courant. La foule, la famille, les femmes aux offrandes suivent puis le cortège s'arrête. 50 mètres ont été parcourus, les porteurs sont en nage car pour une fois à Ubud, le soleil est radieux, mais tout le monde est joyeux, les sourires sont sur les lèvres. C'est la fête. On ne pleure pas un mort à Bali, ça lui porterait malheur. Le cortège va s'ébrouer ainsi plusieurs fois, dans les côtes et les descentes, sur la mauvaise asphalte d'Ubud jusqu'au lieu de crémation.

  

Les portages en bambou sont sciés, ont incline le taureau et le pousse sur son socle. IL est en place. Trois fois, la famille et le corps contournent le cercueil et le corbillard. On découpe le dos de la bête et le corps y est placé avec offrandes et tissus. L'appareillage de crémation est installé par dessous puis vient le moment où le brûleur est allumé. Pendant quelques secondes, des flammèches lèchent les montants de bambous puis, on redresse la flamme et le ventre du géant noir est attaqué. Très vite il se transforme en torche, la fumée noire s'élève, la chaleur est intenable. La cérémonie va prendre fin, on décide de partir en ayant aperçu, cachée derrière une montagne d'offrandes, l'épouse, sans doute, du défunt, pleurer discrètement.

  

Il est seize heures, manifestement, on restera marqué par cette crémation. Il nous reste peu de temps pour d'autres visites et Wayan nous conduit directement au village de Petulu où des milliers de hérons blancs se rassemblent chaque soir et se perchent dans les arbres en bordure de la route. Il faut payer, ils exagèrent vraiment. Ils proposent que l'on fasse un don pour la protection des animaux mais ce sont des droits d'entrée déguisés. Marre à la fin d'être les touristes cochons payeurs. A ce rythme-là, les balinais chasseront la poule aux œufs d'or vers d'autres terres comme le Laos ou le Vietnam, s'en rendent-ils compte dans leur chasse effrénée de l'argent pour assouvir les besoins de leur religion? En plus, le spectacle est décevant. Les hérons sont là mais on n'a rien trouvé de mieux à faire que d'installer des câbles et poteaux électriques devant les arbres. On en a assez, on rentre.

  

  

Arrivés à Ubud, on demande à Wayan de nous arrêter à un Warung, Nele a faim. On paie. Nathalie et Wayan sont très gentils mais ne racontent rien sur Bali en dehors de leur quotidien de couple mixte. On aspire de retrouver notre Tetuk.